Monsieur le Président,

Je remercie le Royaume-Uni pour l’organisation de ce débat ainsi que les intervenantes pour leurs contributions et leurs témoignages choquants

« Nous avons besoin de plus que de l'indignation morale. Nous avons besoin d'action. » Ce sont les mots de Nadia Murad qui a briefé ce Conseil en avril 2022.

15 ans après l'adoption de la résolution 1820, la violence sexuelle et basée sur le genre dans les conflits persiste, tout comme l’impunité. Au Myanmar, en RDC, en Haïti, au Soudan, au Soudan du Sud ou encore dans le cadre de l’agression militaire de la Russie contre l’Ukraine, des acteurs étatiques et non étatiques continuent à utiliser le viol, les violences sexuelles, l'exploitation sexuelle, l'abus et le trafic comme une tactique et un outil de guerre, de torture et de terrorisme.

Nous devons mettre en œuvre pleinement et durablement les exigences que ce Conseil s’est fixé lui-même dans la résolution 1820. Je souligne trois pistes d’action à cet égard :

Premièrement, nous devons investir davantage dans le déploiement de l'expertise et des capacités dans les missions onusiennes. Afin que ces dernières puissent remplir leurs mandats, des conseillères et conseillers pour la protection des femmes doivent être mobilisés et dotés de ressources suffisantes. Il faut renforcer les capacités et l'expertise en matière de prévention, protection, surveillance et poursuite de violence sexuelle et basée sur le genre. Il faut les renforcer au sein des pays fournisseurs de contingents et de forces de police, au sein des groupes d’experts en matière de sanctions et au sein des institutions nationales.

Deuxièmement, un lien étroit existe entre la prolifération illicite des armes et la violence sexuelle, dont nous devons tenir compte pour mieux prévenir ces crimes. La prolifération illicite d’armes légères et de petit calibre engendre un plus grand risque de violence sexuelle liée aux conflits. Dans nos efforts de prévention, il faut utiliser systématiquement les outils de maîtrise des armements et de désarmement en tenant compte de la dimension de genre. Ceci aussi dans le cadre des régimes de sanctions. Enfin, nous devons promouvoir la participation des femmes dans les enceintes visant à réduire la prolifération des armes. C’est pourquoi la Suisse soutient l’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement dans ses études respectives concernant le lien avec la dimension de genre.

Troisièmement, tous les survivantes et survivants doivent pouvoir accéder à la justice de manière équitable et sans obstacle. Les victimes de violences sexuelles liées à un conflit ont droit à un recours effectif et à une réparation en vertu du droit international. A cet effet, la Suisse soutient le travail du Global Survivors Fund, qui œuvre à l'élaboration de programmes de réparation centrés sur les survivantes et survivants. Qui plus est, la documentation de crimes est cruciale pour la poursuite en justice. Défendant le droit à la vérité, la Suisse s’engage par exemple en Ukraine, au Kosovo, en Iraq et en RDC à ce que les survivantes et survivants puissent avoir accès à la justice et aux réparations.

Monsieur le Président, sans protection contre et prévention de la violence sexuelle, il ne peut y avoir de participation égale. Et, comme nous le savons bien, l’engagement des femmes est une condition sine qua non pour une paix durable.

Je vous remercie.

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