Nous, signataires de la Déclaration d’engagements communs pour les principes portant sur la question des femmes, de la paix et de la sécurité (FPS) au Conseil de sécurité, soit l’Équateur, la France, la Guyane, le Japon, Malte, la République de Corée, la Sierra Leone, la Slovénie, la Suisse, le Royaume-Uni et les États-Unis d’Amérique, réaffirmons notre engagement en faveur de la participation pleine, équitable, significative et sûre des femmes dans tous les efforts de prévention, de résolution des conflits et de consolidation de la paix, et à garantir que les perspectives de genre soient systématiquement prises en compte dans les situations nationales et les questions thématiques au sein du Conseil de sécurité.

Nous exprimons notre grave préoccupation quant aux risques et aux effets négatifs que le retrait, la reconfiguration ou la fin brutale des opérations de maintien de la paix et des missions politiques spéciales des Nations Unies font peser sur les droits des femmes et des filles. Nous sommes particulièrement préoccupés par les situations dans lesquelles une mission des Nations Unies doit se retirer sans que les conditions minimales nécessaires à une transition planifiée soient en place. Le risque existe non seulement de mettre en péril les gains durement acquis au regard de la paix, mais aussi des progrès importants réalisés en matière d’égalité des sexes. De plus, l’on doit craindre que les droits des femmes et des filles soient mis en danger, qu’ils risquent de ne pas être respectés et d’être encore plus bafoués, notamment en raison d’une absence de protection contre les violences sexuelles et sexistes (VSS), une capacité réduite des survivantes de VSS à accéder en toute sécurité aux services essentiels, des attaques contre les femmes défenseures des droits humains et les artisanes de la paix, et une capacité considérablement réduite à superviser la situation des femmes et des filles dans ces pays, dont beaucoup sont encore touchées par les conflits.

Les opérations de paix de l’ONU comptent parmi les outils les plus efficaces des Nations Unies pour la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité. Lorsqu’elles partent, ou lorsqu’elles sont sommées de partir, ces opérations peuvent laisser un vide qui crée les conditions propices à des préjudices. Au Conseil de sécurité, plusieurs représentantes de la société civile ont mis en garde contre les risques de départs précipités et l’impact que ceux-ci auraient sur la sécurité des femmes et des filles, l’accès humanitaire et l’état de droit, et le temps leur a malheureusement donné raison.

Pour remédier à leur impact disproportionné sur les droits des femmes et des filles, nous soulignons la nécessité d’une analyse globale des conflits tenant compte des questions de genre et d’une expertise technique en matière de genre pour guider les processus de transition et autres mesures d’urgence tenant compte de ces questions. Ces mesures sont essentielles pour définir des critères de référence englobant les questions de genre et qui garantissent que les missions ne sont pas obligées d’exister sans remplir les conditions minimales qui assureront la durabilité des engagements en matière de FPS. Nous devons veiller, à cet égard, à ce que les équipes de pays des Nations Unies soient dotées de l’expertise appropriée au lendemain du départ d’une mission, afin de préserver la continuité en termes de signalement et de traitement des violations et abus des droits de l’homme, notamment des violences sexuelles et sexistes. Nous réitérons également l’appel du Conseil de sécurité en faveur d’un leadership total, équitable et significatif des femmes et de leur participation en toute sécurité tout au long des processus de transition et de veiller à ce que les besoins des femmes et des filles soient pleinement intégrés à toutes les étapes des transitions des missions, notamment par l’établissement et le respect de critères sexospécifiques.

Ces objectifs ont été énoncés dans les résolutions 2553 et 2594 du Conseil de sécurité relatives à la planification et à la coordination précoces et intégrées des transitions, mais ils ne sont souvent pas mis en pratique, et les départs accélérés rendent ces tâches beaucoup plus difficiles. Nous soulignons en outre la nécessité pour les gouvernements hôtes et leurs partenaires internationaux de collaborer avec les équipes de pays des Nations Unies, les acteurs nationaux, y compris les organisations de femmes de la société civile, et tout autre acteur international travaillant sur la paix et la sécurité dans ces contextes qui disposent de l’expertise, des ressources financières et de l’espace politique nécessaires pour faciliter les interventions visant à promouvoir et à protéger les droits fondamentaux des femmes et des filles, ainsi que le leadership et la participation à toutes les étapes des processus de paix et de sécurité.

Enfin, nous réitérons le rôle important que jouent les femmes soldats de la paix et les conseillères en matière de genre pour faciliter la sensibilisation nécessaire aux questions concernant les femmes et les filles et la nécessité de continuer à soutenir la parité entre les sexes.

Nous, signataires des Engagements communs pour les femmes, la paix et la sécurité, pensons que la question des femmes, la paix et la sécurité peut être mieux intégrée dans les décisions du Conseil de sécurité relatives au retrait, à la reconfiguration ou à la fin des opérations de maintien de la paix ou des missions politiques spéciales des Nations Unies. Nous nous engageons à travailler ensemble pour garantir des processus de transition plus inclusifs et bien planifiés, guidés par une analyse complète des questions de genre et permettant aux femmes de diriger pleinement, sur un pied d’égalité et de manière significative, et de participer en toute sécurité à la vie publique, ainsi que de prévenir et de répondre aux violences sexuelles et sexistes pendant et après le retrait d’une mission des Nations Unies.

Merci.

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