Nous, les signataires au Conseil de sécurité de la Déclaration d’engagements communs en faveur
des principes Femmes, Paix et Sécurité (FPS), l’Équateur, la France, le Guyana, le Japon, Malte,
la République de Corée, la Sierra Leone, la Slovénie, la Suisse, le Royaume-Uni et les États-Unis
d’Amérique, saisissons cette occasion pour réaffirmer notre soutien pour la protection et
l’autonomisation des femmes et des filles libyennes.

Nous exprimons notre profonde préoccupation face à l’absence de participation pleine, égale et
significative des femmes libyennes à l’élaboration de l’avenir de leur pays. A ce jour aucune
femme n’a siégé au sein de la Commission militaire mixte libyenne 5+5 sur les arrangements de
sécurité ou au sein du Comité mixte libyen 6+6 pour la préparation des lois électorales, et la
représentation des femmes a été faible dans les dialogues nationaux, au parlement et dans le
gouvernement.

Alors que les élections nationales dans le pays ont été reportées sine die, les dispositions
prévoyant un quota de 30 % de femmes, comme convenu dans la feuille de route du forum de
dialogue politique libyen, ou de 25 % comme prévu dans le projet de Constitution libyenne,
risquent d’être ignorées, dès lors que la dernière loi électorale approuvée n’attribue que six
sièges aux femmes sur les 90 sièges composant le futur Sénat libyen.

Nous demandons à l’ONU de continuer à rendre compte de la représentation des femmes dans
chaque comité et institution concernés et de rappeler à toutes les parties que le Conseil de
sécurité a exhorté les institutions et les autorités libyennes à assurer la participation pleine, égale,
effective, significative et en toute sécurité des femmes à tous les niveaux, y compris aux postes
de direction, et à toutes les étapes de la prise de décision relative aux processus politiques
inclusifs, la transition démocratique, les efforts de réconciliation, la résolution des conflits et la
consolidation de la paix.

Nous condamnons également les représailles contre les femmes libyennes participant à la vie
publique et politique, appelons les autorités libyennes à traduire les auteurs en justice et
exhortons la MANUL, dans le cadre de son mandat, à renforcer la coordination de sa réponse
aux représailles. Nous réitérons les engagements internationaux de la Libye en matière de droits
et d’autonomisation des femmes, qui représentent des valeurs universelles qui contribuent au
développement durable et à la paix.

En outre, nous tirons la sonnette d’alarme face au rétrécissement de l’espace civique, notamment
des organisations de la société civile, qui font progresser les droits des femmes et l’égalité des
sexes, avec des exigences plus strictes en matière d’enregistrement, des violences sexistes et des
signalements de harcèlement et de ciblage des femmes défenseures des droits humains. Nous
sommes également préoccupés par le harcèlement et la violence en ligne contre les femmes, qui
peuvent se traduire par des violences physiques et peuvent avoir un impact sur la capacité des
femmes à participer à la politique, à la vie civique et aux médias libyens.

Nous rappelons que le Conseil de sécurité a exhorté les autorités à reconnaître la nécessité de
protéger les femmes migrantes, les organisations de défense des droits des femmes et les femmes
artisanes de la paix contre les menaces, les représailles et les attaques, et a vivement encouragé
toutes les parties à créer un environnement sûr et propice pour les membres de la société civile.

Les rapports reçus de l’ONU que nous avons reçus soulèvent l’inquiétude quant aux tentatives
de présenter des termes universellement acceptés comme le genre comme une menace pour « la
société et les valeurs libyennes », mettant ainsi en danger le travail de tous les acteurs travaillant
sur l’égalité des sexes et la protection, la participation et les droits des femmes. Nous sommes
également préoccupés par l’impact disproportionné de la loi anti-cybercriminalité sur les femmes
défenseures des droits humains.

Nous restons également préoccupés par les violations des droits humains et les abus contre les
femmes et les filles, y compris les femmes migrantes, tant dans les centres et installations de
détention que dans les situations de déplacement ou de traite des êtres humains, comme le
rapportent depuis de nombreuses années les enquêtes sur les droits humains et le groupe
d’experts qui soutient le comité des sanctions du Conseil de sécurité pour la Libye. La plupart
des survivantes de violences sexuelles et sexistes, y compris celles qui subissent une grossesse
forcée, ont un accès limité à la justice et aux services de santé essentiels

Le cadre législatif reste discriminatoire et un projet de loi sur la protection des femmes et des
filles contre toutes les formes de violence, y compris la violence sexuelle et sexiste, n’a pas
encore été adopté.

Enfin, nous exhortons les autorités libyennes à accélérer l’adoption d’une législation visant à
lutter contre la traite et la violence à l’égard des femmes et des filles, à lutter contre l’impunité
des auteurs de ces actes et à traduire leurs auteurs en justice.

Télécharger la déclaration

Document(s)
Taille / Type