Monsieur le Président,

Merci d’avoir convoqué ce débat en répondant à l’appel du Secrétaire général, dont la Suisse salue la présence au sein de ce Conseil aujourd’hui. L’invocation, pour la première fois sous son mandat, de l’article 99 de la Charte des Nations unies, témoigne de la situation dramatique qui prévaut au Moyen Orient aujourd’hui. 

Je prends cette occasion pour réitérer nos très sincères condoléances pour les 130 collaborateurs et collaboratrices des Nations Unies qui ont perdu leur vie.

La Suisse partage la même préoccupation que le Secrétaire général : la situation risque d’avoir des conséquences irréversibles pour la paix et la sécurité de la région toute entière, voire au-delà. Il est par conséquent impératif que le Conseil de sécurité soit saisi et agisse pour prévenir une détérioration encore plus grave.

La Suisse a fermement condamné, à plusieurs reprises, les actes de terreur, les attaques indiscriminées et les prises d’otages perpétrés par le Hamas depuis le 7 octobre dernier. Ils ont fait plus de 1200 victimes en Israël, dont de nombreuses femmes et jeunes filles, qui ont été notamment exposées à des violences sexuelles et basées sur le genre. 

Jamais dans cette région le tribut payé par les populations civiles palestiniennes n’aura été aussi lourd en si peu de temps. En deux mois, plus de 17'000 Palestiniens, dont 70% de femmes et d’enfants ont, toujours selon les sources disponibles, été tués dans les bombardements à Gaza. La Suisse déplore la mort de milliers de civils en Israël et dans l'ensemble du Territoire palestinien occupé et exprime ses plus sincères condoléances aux familles de toutes les victimes.

La Suisse a fait du respect du droit international humanitaire, et de la protection des civils en particulier, une priorité pour son mandat au Conseil de sécurité. Avec le Secrétaire général, nous faisons l’amer constat qu’il n’y a « pas de protection effective » pour les civils et que « nul n’est en sécurité » aujourd’hui à Gaza. Pas même les travailleurs et travailleuses humanitaires, le personnel médical et les blessés Pas même les journalistes, dont le nombre de victime s’élève à plus de 63 (selon la coalition pour la liberté des médias) depuis le 7 octobre. Pas même les 138 otages, dont nous appelons à la libération immédiate et inconditionnelle.

Nous rappelons que des enquêtes doivent être menées sur toutes les violations du droit international commises en Israël et dans l’ensemble du Territoire palestinien occupé afin que leurs auteurs soient traduits en justice.

La destruction et les dommages portés aux infrastructures civiles, y compris à plus de 60% des unités d'habitation, l’effondrement du système médical, la saturation des écoles et d’autres structures de l’UNRWA – devenues lieux de refuge pour plus d’un million de personnes – plonge la bande de Gaza dans une totale insécurité. Nous appelons au respect du droit international humanitaire et des droits de l’homme tout en reconnaissant le droit d’Israël d’assurer sa sécurité. Nous rappelons également aux belligérants leurs obligations dans la conduite des hostilités, notamment celle de respecter les principes de proportionnalité, de distinction et de précaution, en toute circonstance. Le respect du droit international humanitaire et des droits humains est une nécessité afin de prévenir une escalade régionale de ce conflit, dont nous voyons des signes inquiétants aussi bien en Cisjordanie qu’au Liban.

Monsieur le Président, 

Monsieur le Secrétaire général, 

La tradition humanitaire – à laquelle mon pays est intimement lié – est née au milieu d’un champ de bataille et de ruines. Cette tradition prône l’obligation de venir en aide aux civils dans le besoin. C’est pour cette raison que la Suisse considère favorablement le projet de résolution présenté par la délégation émiratie, pour un vote prévu cette après-midi.

La résolution 2712 de ce Conseil véhicule ce même devoir d’humanité. Elle rappelle qu’il faut assurer un accès humanitaire complet, rapide, sûr et sans entrave aux civils. Le constat que la mise en œuvre de cette résolution est « intenable dans les circonstances actuelles » signifie que ce minimum d’humanité n’est aujourd’hui pas assuré à Gaza. 

Car l’aide humanitaire est une obligation mais pas une fin en soi. Elle sauvera des vies et permettra d’insuffler un peu de dignité dans un conflit qui a impérativement besoin d’une solution politique, selon les termes maintes fois soulignés par ce Conseil, et conforme au droit international. 

Je vous remercie. 

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