Les risques pour la paix et la sécurité internationale des changements climatiques ont fait l’objet d’un débat mardi au Conseil de sécurité. La présidence britannique a souhaité que ce débat soit ouvert à des pays non-membres du Conseil de sécurité pour qui une participation directe par message vidéo a été rendue possible la première fois depuis le début de la pandémie. Ceci a permis au Conseiller fédéral Ignazio Cassis d’exprimer la position de la Suisse dans ce dossier.
Le chef du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a ainsi appelé le Conseil de sécurité à renforcer son engagement sur trois axes :
- La prévention des conflits, notamment à travers la mise en œuvre de l’Accord de Paris, doit être renforcée, a estimé le ministre suisse des affaires étrangères, en estimant qu’il convenait d’atteindre la neutralité carbone, objectif que la Suisse s’est fixé pour l’année 2050.
- En tant que présidente du Groupe d’amis de la Protection des Civils, la Suisse enjoint, par ailleurs, le Conseil et les États membres de renforcer la protection de la population dans les conflits armés également face aux risques climatiques. Avec ses partenaires, la Suisse a publié, le 19 février à New York, les résultats d’un projet digital pour visualiser les liens entre changement climatique et situations de conflit en Afrique de l’Ouest (voir dans notre dossier ci-dessous).
- Enfin, le chef du DFAE a souligné l’importance de l’intégration des recommandations d’autres organes onusiens, des acteurs et actrices concernés et de la société civile. La Commission pour la consolidation de la paix a ici un rôle-conseil important à jouer. La Suisse est fière de promouvoir le dialogue entre les acteurs, notamment à Genève. Et Ignazio Cassis d’évoquer en particulier la Geneva Peace Week. La Suisse, a conclu le ministre des affaires étrangère, s’engage sur l’ensemble de ces trois axes et continuerait à le faire que membre du Conseil de sécurité, auquel notre pays est candidat pour la première fois.
La semaine précédant le débat au Conseil de sécurité, la Suisse avec le concours de l’Allemagne, du Niger, du CICR et de l’ONG et think tank Igarapé Institute a présenté une étude montrant les conséquences du réchauffement climatique sur les pays de l’Afrique de l’Ouest (West Africa at the precipice : visualizing climate stress and insecurity).
Il en ressort que la décennie entre 2010 et 2019 a été la plus chaude jamais enregistrée et que cette hausse de la température a eu des conséquences sur le réchauffement de la planète, la sécurité de l’alimentation, l’accès à l’eau et la compétition pour l’acquisition des ressources. Les pays et les ménages les plus fragiles, particulièrement en Afrique de l’Ouest, sont les plus touchés.
Cela se traduit par la montée des eaux des océans qui menacent les populations côtières. Selon les démographes, entre 70 et 95 mios de personnes vivront dans des villes côtières de l’Afrique de l’Ouest en 2050. Et les spécialistes pensent que les régions côtières seront sévèrement touchées sur quelque 5500 km.
Les changements climatiques auront des conséquences sur la sécurité alimentaire. On pêchera nettement moins de poissons et les pêcheurs seront tentés d’étendre leur territoire de pêche. Par exemple, les pêcheurs sont à présent contraints de traverser des frontières pour aller pêcher, ce qui conduit à de violents affrontement avec les garde-côtes.
Le réchauffement climatique accélère également les mouvements migratoires. Actuellement, quelque 20 mios d’éleveurs de la région du Sahel se déplacent, avec leur troupeau, pour échapper aux rigueurs de la sécheresse. Ces phénomènes engendrent également des conflits entre éleveurs nomades et paysans.