Monsieur le Président,

Je remercie la présidence vietnamienne pour l’organisation de ce débat ouvert ainsi que les intervenantes et intervenants pour leurs contributions. Ces dernières années, la lutte antimines a connu d’importants succès. De nombreux pays autrefois contaminés sont désormais exempts de mines antipersonnel, de restes d’armes à sous-munitions et d’autres restes explosifs de guerre. De vastes pans de territoire ont été déminés, des stocks d’engins ont été détruits, des victimes ont reçu l’aide nécessaire et des vies ont été sauvées. À cet égard, le Service de lutte antimines des Nations Unies joue un rôle de coordination important sur le terrain. Néanmoins, quatre ans après la première résolution du Conseil de sécurité sur la lutte antimines, des défis persistent. L’utilisation continue de mines antipersonnel, y compris celles de nature improvisée, ainsi que d’armes à sous-munitions, a entraîné une augmentation inquiétante du nombre de victimes.

Permettez-moi d’évoquer quatre domaines qui appellent des améliorations:

Premièrement, l’accès aux zones contaminées est essentiel à la lutte antimines. Cependant, l’accès pour déminer est soumis à des pressions grandissantes dans les conflits armés actuels. Cette situation entrave à son tour l’acheminement de l’aide humanitaire. La Suisse exhorte le Conseil de sécurité de rappeler à toutes les parties à des conflits armés leur obligation d’autoriser et de faciliter un accès rapide et sans entrave de l’aide humanitaire.

Deuxièmement, nous encourageons l’adoption d’une approche intégrée combinant déminage, éducation aux risques des mines et assistance aux victimes, en vue d’augmenter l’impact de la lutte antimines. La Suisse soutient des projets de lutte antimines dans 11 contextes, y compris au Kosovo, au Myanmar, en Syrie et en République démocratique du Congo, en partenariat avec UNMAS et des organisations telles que le HALO Trust, le Danish Demining Group et le Centre international de déminage humanitaire de Genève. Nous saluons à cet égard la collaboration du CIDHG avec le Centre régional d'action contre les mines de l'ANASE en vue de renforcer les capacités des Etats affectés en matière de gestion des risques. Dans le sens d’une approche intégrée, nous appelons le Conseil de sécurité à inclure la lutte antimines dans les mandats des opérations de maintien de la paix et des missions politiques spéciales pertinentes, les habilitant à déminer les zones contaminées et à sensibiliser aux risques liés à ces engins. De plus, le Conseil de sécurité doit continuer de reconnaître l’importance d’inclure la lutte antimines dans les accords de paix et de cessez-le-feu.

Troisièmement, en raison de l’urbanisation croissante des conflits, les acteurs de la lutte antimines doivent opérer dans des infrastructures effondrées et répondre à une vaste palette d’engins explosifs de complexité variable. Les normes et les méthodes doivent être adaptées en conséquence, afin qu’elles garantissent la sécurité lors des opérations et demeurent pertinentes au niveau technique. C’est pourquoi nous avons soutenu le CIDHG dans l’élaboration du guide de bonnes pratiques pour l’élimination des engins explosifs improvisés. Nous encourageons celles et ceux qui opèrent dans de tels contextes à utiliser ce guide pour mettre à jour leurs normes, processus et procédures, ainsi qu’à continuer de mener à bien leurs opérations conformément aux Normes internationales de l’action contre les mines. Nous invitons également les Etats affectés par les mines à prendre leurs responsabilités et à s’engager dans la lutte antimines, en collaboration avec la communauté internationale. 

Enfin, nous appelons tous les États membres à ratifier les instruments internationaux pertinents, en particulier la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel, la Convention sur les armes à sous-munitions, ainsi que le Protocole II modifié et le Protocole V de la Convention sur certaines armes classiques, et à s’assurer de leur pleine mise en œuvre. Celle-ci contribue à la protection des civils, à l'accès au logement et aux terres agricoles, et donc au développement et à la paix durable.

Les mines mutilent et tuent sans distinction, non seulement durant les conflits armés, mais aussi bien après la fin des combats. En 2020, la Suisse a contribué à l’assistance de plus 15’000 victimes, à la sensibilisation de 100’000 personnes aux risques liés aux mines, à la restitution de 20 kilomètres carré de terres aux populations locales et assumé la présidence de la Convention sur les armes à sous-munitions. Conformément à notre tradition humanitaire, nous continuerons à défendre notre vision d’un monde sans nouvelles victimes.

Je vous remercie.