Monsieur le Président,

La Suisse remercie le Mexique pour cet important débat. Il reflète l'attention accrue que le Conseil de sécurité porte aux facteurs contemporains de conflit et à leurs interactions complexes. Les inégalités et l’exclusion sont à la fois causes et conséquences de conflits violents.

 « Il ne peut y avoir de paix sans développement, de développement sans paix, ni de paix ou de développement durable sans respect des droits de l'homme et de l'État de droit. ». Ces mots de Jan Eliasson, ancien vice-Secrétaire général, inspirés par Kofi Annan, ont été repris dans de nombreux discours. Ils nous rappellent que les conflits mettent en péril le développement durable et qu’aucun objectif de l’Agenda 2030 ne peut être atteint de manière isolée.

Si le Conseil de sécurité a comme mission première la paix et la sécurité, il peut et devrait également soutenir le système onusien dans son ensemble pour atteindre les objectifs de développement durable, en accordant une attention particulière aux points suivants :

Premièrement, l’examen du dispositif de consolidation de la paix a réaffirmé que l’approche de la pérennisation de la paix qui intègre les trois piliers des Nations Unies est pertinente et essentielle. Qu’est-ce que cela signifie en pratique? Par exemple, en République démocratique du Congo, la Suisse soutient les efforts du gouvernement dans la lutte contre l’impunité. Cet élément dissuasif contribue à prévenir la violence et à améliorer la confiance dans les institutions. Dans ses décisions, le Conseil de sécurité devrait davantage s’appuyer sur une approche intégrée et renforcer la coopération, collaboration et coordination entre les trois piliers.

Deuxièmement, les conflits violents et les inégalités qui en découlent ne peuvent être évités que dans des sociétés résilientes et inclusives où chacun et chacune, en particulier les plus vulnérables, sont protégés. Pour ce faire, le système onusien de protection des droits de l'homme joue un rôle clé. Il constitue un dispositif d'alerte précoce important. Par exemple, le Conseil des droits de l’homme a rapidement réagi face aux récents développements au Soudan en organisant une session extraordinaire, appelant le Haut-Commissariat aux droits de l’homme à désigner un expert dans le pays. La Suisse encourage le Conseil de sécurité à intégrer ce type d’analyses et à coopérer davantage avec les organes relatifs aux droits de l'homme, en particulier avec le Conseil des droits de l’homme et ses instruments ainsi qu’avec les organes de traités.

Troisièmement, renforcer l’état de droit est un élément clé pour promouvoir la paix. L’absence d’un mandat explicite des missions de maintien de la paix pour soutenir l’état de droit fait obstacle à la réalisation des objectifs de ces missions. Certains échecs récents l’ont souligné : il est essentiel que le Conseil de sécurité précise le soutien à l’Etat de droit dans les mandats des missions de paix et, dans un souci de cohérence, que l’Assemblée générale mette à disposition les ressources nécessaires pour atteindre ces objectifs. La Suisse, pour sa part, soutient le renforcement de l’état de droit notamment en mettant à disposition des officiers de police, des experts en désarmement, démobilisation, réintégration et en déminage dans les missions et au niveau du Secrétariat.

Monsieur le Président,

La Suisse se félicite de l'accent mis sur les liens entre paix, sécurité et développement. Elle appelle à une prise en compte plus systématique de ces interconnexions dans tous les thèmes et situations traités par le Conseil. En tant que membre de la Commission de consolidation de la paix et candidate au Conseil de sécurité, la Suisse poursuit son engagement en faveur d’un système onusien cohérent.

Je vous remercie.