Monsieur le Président,

Je remercie l’Inde pour ce débat et les intervenantes et intervenants pour leurs contributions.

Un casque bleu perdu, c'est toujours un de trop. Le Secrétaire général adjoint Lacroix nous l’a rappelé lors du débat ouvert fin mai. Le personnel déployé dans les missions de paix accomplit un travail inestimable, tout en s’exposant aux risques inhérents à ces missions. Le nombre de victimes reste inacceptable. Tous nos efforts pour protéger ceux qui protègent les autres sont nécessaires.

La Suisse salue la publication de la Stratégie pour la transformation numérique des missions de maintien de la paix. Nous sommes confiants qu’elle contribuera à une utilisation plus efficiente et efficace des technologies et une meilleure mise en œuvre des mandats des missions de paix. Il est donc primordial que le Conseil de sécurité reconnaisse la contribution des technologies pour renforcer le maintien de la paix et prenne en compte les éléments suivants :

  1. L’utilisation de technologies peut améliorer la sûreté et la sécurité des casques bleus. Elles contribuent notamment à prévoir et détecter les menaces, améliorent la coordination et l’analyse du renseignement, aident à faire face à la désinformation et rendent les opérations plus performantes. Toutefois, les nouvelles technologies peuvent également être utilisées à des fins néfastes et poser un risque pour les missions de paix. Par exemple, si un mini-drone peut être un vecteur d’engins explosifs improvisés contre les forces onusiennes, il peut également être utilisé pour le sauvetage de personnel. À cet égard, une entreprise suisse a développé le premier drone de recherche et de sauvetage résistant aux collisions dans le but de rechercher des victimes dans des endroits difficiles d'accès. Le Conseil devrait considérer pleinement les bénéfices des nouvelles technologies tout en atténuant leurs risques.
     
  2. Le principe « do no harm » est crucial : les technologies doivent être développées et utilisées dans le plein respect du droit international. Pour bien fonctionner, les nouvelles technologies s’appuient souvent sur une importante collecte de données. Or, ces mêmes données peuvent être utilisées de façon abusive. À cet égard, la Suisse, le CICR et le Bureau de la coordination des affaires humanitaires travaillent dans le cadre de la Humanitarian Data and Trust Initiative en vue de garantir une utilisation responsable des technologies, et particulièrement des données, dans le domaine humanitaire. Le développement de principes clairs pour l’utilisation responsable des technologies, tel que prévu par la nouvelle Stratégie, est donc essentiel et devrait prendre en compte les expériences faites dans d’autres domaines.
     
  3. Le développement des capacités des casques bleus peut grandement profiter d’une utilisation appropriée des technologies modernes. Il est important de mieux sensibiliser les troupes à l’utilité et l’utilisation des nouvelles technologies afin de permettre leur absorption rapide et efficace sur le terrain. A cette fin, la Suisse contribue notamment aux travaux du Secrétariat en vue de la digitalisation des Modules de formation de base préalable au déploiement. Le Conseil devrait reconnaître le rôle d’une formation qui répond aux exigences de l'ère numérique ainsi que l’expertise des Etats membres dans ce domaine.


Monsieur le Président,

L’utilisation de nouvelles technologies est essentielle pour la sûreté et la sécurité du personnel engagé dans les missions onusiennes. Toutefois, celles-ci ne pourront avoir l’effet escompté que lorsque les conditions-cadres de ces missions, telles que le cadre normatif, l’infrastructure, la logistique et la formation, seront assurées. Quand elles sont utilisées à bon escient, les technologies modernes peuvent faire une vraie différence. La Suisse, en tant que candidate au Conseil de sécurité, continuera à s’engager pour l’utilisation responsable des nouvelles technologies et pour renforcer la paix par l’innovation.

Je vous remercie.