Monsieur le Président,

Je suis honorée de prendre la parole au nom de la Suisse à l’occasion du débat sur le rapport annuel du Conseil de sécurité. Ce rapport porte sur une année exceptionnelle, marquée par une pandémie qui n’a épargné aucun pays et touché directement des millions de personnes, y inclus dans les zones de conflits. Tandis que le nombre et la complexité des crises n’a pas diminué, les conséquences de la COVID-19 posent un défi additionnel évident pour la paix et la sécurité internationales.

Le rapport annuel témoigne de la réactivité du Conseil face aux défis en matière de paix et sécurité tout en démontrant un potentiel d’amélioration. Permettez-moi de soulever trois points importants pour la Suisse.

Premièrement, la Suisse salue la souplesse que le Conseil a démontré pour assurer la continuité de son action au cœur de la pandémie. Il a été l’organe onusien qui a réagi le plus vite et est resté opérationnel même en phase de confinement complet à New York. Nous regrettons toutefois que ces adaptations se soient faites au détriment de la participation des non-membres aux travaux du Conseil. En termes de substance, malgré des négociations longues et difficiles, le Conseil a finalement envoyé un signal fort de responsabilité par la résolution 2532. Un cessez-le-feu global continue de revêtir une importance cruciale afin de garantir l’accès humanitaire à celles et ceux qui en ont besoin et concentrer nos efforts dans la lutte contre la pandémie.

Deuxièmement, 2020 a marqué les vingt ans de la résolution 1325. Nous avons vu des évolutions encourageantes dans le domaine Femmes, paix et sécurité, par exemple en Colombie, au Soudan ou dans le processus politique au Yémen. Nous ne pouvons cependant plus nous contenter « d’évolutions encourageantes » sachant qu’une représentation accrue des femmes à tous les niveaux de décision est essentielle pour prévenir, gérer et transformer les conflits. Les commémorations de 1325 en 2020 ont montré que nous n’avons pas forcément besoin d’une nouvelle résolution sur Femmes, paix et sécurité mais plutôt d’une mise en œuvre globale et conséquente de tous les piliers de cet agenda, tout en renforçant aussi le rôle dévolu à la société civile dans cet effort collectif. Pionnière en ce qui concerne l’établissement d’un Plan d’action national, la Suisse s’engagera dans le cadre de son quatrième Plan mais aussi comme partenaire pour le développement et la mise en œuvre de tels instruments dans d’autres pays, comme récemment au Mail ou au Chad.

Troisièmement, la Suisse saisit l’ampleur de la tâche assignée au Conseil en 2020 et salue l’usage de la large palette d’instruments à sa disposition pour faire face aux défis. Par exemple, nous nous félicitons de la mise en place de l'UNITAMS, qui joue un rôle essentiel dans le soutien à la transition en cours au Soudan. La Suisse soutient pleinement le mandat de cette nouvelle mission et travaillera en étroite collaboration avec elle. Nous regrettons, en revanche, l’affaiblissement du mécanisme d’aide humanitaire transfrontalier en Syrie au cours des dernières années. Plus de treize millions de personnes ont urgemment besoin d’aide. La Syrie représente le plus grand engagement humanitaire de l’histoire de la Suisse. Un accès humanitaire rapide, sans entrave et durable est essentiel pour maintenir une réponse humanitaire efficace en Syrie. Nous appelons les membres du Conseil de sécurité à renouveler la résolution qui permet cette aide transfrontalière sur la base des besoins identifiés.

Monsieur le Président,

A l’heure où nous élisons les prochains membres du Conseil de sécurité, le bilan de l’action du Conseil en 2020 démontre que tous les membres ont un rôle à jouer pour que nous soyons à la hauteur des défis globaux.

A l’heure où nous élisons les prochains membres du Conseil de sécurité, ce débat est là pour nous rappeler l’importance de la transparence, de l’inclusion et de redevabilité du Conseil. Mon pays poursuivra son engagement pour ces objectifs en collaboration avec nos partenaires du Groupe Accountability, Coherence and Transparency que nous avons l’honneur de coordonner et dont nous soutenons l’intervention lue à l’instant par le Portugal.

A l’heure où nous élisons les prochains membres du Conseil de sécurité, la Suisse se réjouit déjà des prochaines élections, dans un an. Nous aurons alors l’honneur de solliciter votre soutien pour accéder pour la première fois au Conseil et ainsi renforcer notre contribution au maintien de la paix et la sécurité internationales.

Je vous remercie.