Monsieur le Président,

La Suisse remercie le Vietnam pour l’organisation de ce débat et le Secrétaire général ainsi que les intervenantes et intervenants pour leurs contributions.

L’OSCE est « notre meilleure chance pour réduire les tensions en Europe et restaurer un climat de confiance ». C’est ainsi que notre ministre des affaires étrangères qualifie la plus grande organisation régionale de sécurité. Les organisations régionales ont en effet un rôle important à jouer dans la prévention et la résolution des conflits. Plusieurs contextes à l’agenda du Conseil de sécurité en témoignent. Pour emprunter le terme employé par le Secrétaire général, un « multilatéralisme en réseau » est nécessaire pour anticiper et prévenir les risques, et pour formuler des réponses adéquates.

Permettez-moi de souligner trois priorités d’action pour approfondir la coopération entre le Conseil de sécurité et l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales, et ainsi permettre aux mesures préventives et de confiance de déployer leur plein potentiel :

Premièrement, il convient de renforcer la complémentarité entre les organisations régionales et l’ONU. Les bonnes pratiques développées au niveau régional peuvent servir d’inspiration pour la coopération internationale et la compléter. Je pense ici à l’approche globale et coopérative de l'OSCE, qui établit un lien clair entre la sécurité, le respect des droits de l'homme, la démocratie et l'État de droit. Les organisations régionales disposent d’instruments adaptés aux contextes spécifiques pour prévenir l’aggravation de tensions et pour en atténuer les causes profondes. La Suisse accueille les discussions internationales de Genève, coprésidées par l’OSCE, l’Union Européenne et l’ONU et qui accompagnent le processus politique sur le conflit de 2008 en Géorgie. La bonne coordination contribue à désamorcer les tensions et répondre aux besoins humanitaires. En tant que Partenaire de Dialogue Sectoriel de l'ASEAN, la Suisse salue la coopération renforcée en matière de mesures de confiance et de diplomatie préventive prévue par le plan d’action ASEAN-ONU 2021-2025. L’urgence de la crise actuelle au Myanmar exige tant une action de premier plan de l’ASEAN pour engager le dialogue et faciliter le retour à la démocratie qu’un engagement continu des organes onusiens compétents.

Deuxièmement, nous devons intensifier le flux d’informations entre les Nations Unies, y inclus le Conseil de sécurité, et les organisations régionales et sous-régionales. Une action coordonnée en matière de diplomatie préventive et coopérative commence par le partage d’informations et par une analyse conjointe. Dans ce sens, la Suisse salue le Cadre commun ONU-Union africaine (UA) qui fournit la base politique d'une coopération plus systématique, les consultations annuelles conjointes entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l'UA, ainsi que les visites conjointes sur le terrain. Depuis 2015, la Suisse soutient le séminaire annuel de haut niveau sur la paix et la sécurité entre les membres africains du Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’UA, qui est devenu une plateforme privilégiée de concertation pour une meilleure coordination. La Suisse se félicite également du recours aux réunions formelles du Conseil de sécurité sur la coopération avec les organisations régionales permettant d’examiner une diversité de régions, comme pour la première fois en 2020 en présence des Secrétaires-généraux de l’ASEAN et de l’OIF. Ces interactions fournissent des analyses informées par la forte présence sur le terrain des organisations régionales et leurs échanges avec toutes les parties prenantes, y compris la société civile.

Troisièmement, le Conseil doit utiliser son mandat et les instruments à sa disposition afin de soutenir les efforts de prévention au niveau régional. Quand il parle d’une seule voix, le Conseil peut jouer un rôle important lorsqu’il s’agit de renforcer la volonté politique pour réagir aux alertes précoces. Le Conseil doit également soutenir les mécanismes de résolution de conflits et d’observation à l’exemple des efforts du Groupe de contact trilatéral et de la Mission spéciale d'observation de l’OSCE en Ukraine. Le mandat du Conseil de sécurité pour l’opération ALTHEA contribue aussi, entre autres, à la mise en œuvre de l'accord de Dayton et, à travers celle-ci, du rôle spécifique de l’OSCE en Bosnie Herzégovine, notamment dans la maitrise des armements et dans la réforme du secteur de la sécurité dans le pays.

Pour conclure, il importe de souligner que la complémentarité entre le Conseil de sécurité et les organisations régionales ne doit pas signifier que l’un abdique ses responsabilités lorsque l’autre est saisi d’une crise. Au contraire, le Conseil dispose d’importants instruments pour créer de l’espace pour les efforts au niveau régional, pour les accompagner et pour renforcer leur efficacité. En tant que candidate au Conseil de sécurité, la Suisse continuera de s’engager en faveur de la prévention et des synergies entre les Nations Unies et les organisations régionales, pour un monde plus stable et plus sûr.

Je vous remercie.