Réunion en formule Arria Formula 12 Mars 2024

Discours de la Présidente de la Confédération Viola Amherd

Excellences,

C’est un grand plaisir de vous accueillir à cette réunion informelle Arria.

Les droits des femmes sont au cœur des discussions du Conseil de Sécurité cette semaine : hier avec la présentation du rapport de Pramila Patten, Représentante Spéciale du Secrétaire Général, sur la violence sexuelle dans le contexte du conflit au Moyen-Orient. Aujourd’hui avec cette réunion en formule Arria. Et demain, avec le débat ouvert sur la construction de la paix et la prévention des conflits à travers l’autonomisation des femmes et des jeunes.

Pour la Suisse, il n’y a aucun doute : la paix est étroitement liée à l'égalité des genres et aux droits des femmes. Renforcer le rôle des femmes dans les efforts relatifs à la paix et la sécurité internationale est un de nos objectifs au Conseil de sécurité. Pour y parvenir, nous devons utiliser tous les outils à notre disposition.

L’agenda Femmes, paix et sécurité en est un. Entre les mains du Conseil de sécurité, il s’agit d’un instrument primordial pour assurer que les droits des femmes et des filles soient protégés et promus tant en temps de paix qu’en temps de conflit. La lutte et la prévention contre toutes les formes de violences sexuelles liées aux conflits en font partie intégrante.

La Suisse s’engage pour que le Conseil de sécurité mette en œuvre cet outil dans l’ensemble des contextes et sujets à son agenda. Nous y mettons un accent sur le renforcement de la participation des femmes et la promotion de leurs réseaux et organisations.

La session de la Commission de la condition de la femme est un moment opportun pour mettre en lumière la manière dont d'autres mécanismes peuvent soutenir cet effort. C'est pourquoi la Suisse a organisé cette réunion.

Hier, la Commission de la condition de la femme a entamé sa 68ème session. Au cours des 70 dernières années, des progrès ont été réalisés en matière d'égalité, mais il reste encore beaucoup à faire. En 2023 la part des femmes dans les parlements dans le monde était de seulement 26,5 %. Seuls 27 pays ont aujourd’hui une femme à la tête de leur gouvernement. Cela doit changer.

Car, comme le disait Malala Yousafzai, activiste pakistanaise des droits humains : "Nous ne pouvons pas tous réussir lorsque la moitié d'entre nous est freinée."

Ce n'est malheureusement pas une tâche facile dans le contexte global actuel. Le monde fait face à de nombreux conflits. Les institutions multilatérales sont en proie à une crise de confiance majeure. Les droits et libertés fondamentales des femmes et des filles sont l’objet de récits relativistes, tant dans les salles d’ici que dans le monde entier.

Nous devons faire entendre nos voix haut et fort pour la réalisation des droits des femmes. Comme l’a fait Funmilayo Ransome-Kuti, une politicienne du et militante pour les droits des femmes, qui déclarait que "Les femmes ne demandent pas la charité, elles demandent la justice. Elles ne mendient pas pour leurs droits, elles se battent pour les obtenir."

Pour faire respecter ces droits, des normes et des lois sont nécessaires, et non de belles paroles. Cette bataille a porté des fruits, grâce au travail de cette Commission et des femmes activistes du monde entier : la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes est aujourd’hui le principal cadre normatif sur les droits des femmes et des filles au niveau global. Elle doit être respectée et mise en œuvre, y compris dans le contexte de nos discussions au sein du Conseil de sécurité.

Mesdames et Messieurs,

Nous avons mis notre engagement « femmes, paix et sécurité » au premier plan pendant notre mandat au sein du Conseil de sécurité. Convaincus de la nécessité de la mise en œuvre de la Résolution 1325 et de ses neuf résolutions consécutives, la Suisse a assumé le rôle de co-présidente du groupe informel sur les femmes, la paix et la sécurité. En 2000, la Suisse a été parmi les premiers pays à adopter un plan national d’action sur les femmes, la paix et la sécurité.

Nous devons continuer à mettre en évidence l'impact disproportionné de la guerre sur les femmes. Leur participation aux processus de paix, à la prévention des conflits et à la reconstruction après un conflit est cruciale. Lors des pourparlers sur la paix, moins de quinze pour cent des participants sont des femmes. C’est clairement insuffisant.  

Mesdames et Messieurs,

Comme nous le rappelle l'histoire, les droits des femmes ne sont jamais acquis. Si nous n'avançons pas, nous régressons.

C’est pourquoi il est essentiel de renforcer les synergies entre l’Agenda 1325 et la Convention CEDEF. La vaste expertise des mécanismes sur les droits humains, et sur les droits des femmes en particulier, doit pouvoir guider nos discussions et nos actions sur la paix et la sécurité au niveau global.

Ceci car l’ensemble des droits des femmes et des filles doivent être garantis en tout temps, en temps de paix comme en temps de conflit.

Excellences,

Trop souvent encore, les droits des femmes ne sont pas respectés. Trop souvent encore, ces droits sont donnés par la même main qui peut les retirer à tout moment, au gré de ses faveurs et de ses envies.

L’objectif est donc loin d'être atteint. J’espère que les échanges d’aujourd’hui nous permettront d’avancer dans la bonne direction. Ensemble, nous pouvons faire de ces droits une réalité.

Nous aurons aujourd’hui l’opportunité d’écouter trois distinguées intervenantes : la directrice exécutive d’ONU Femmes, Sima Bahous, la présidente du comité CEDEF, Ana Pelaez Nervaez, et Moon Nay Lin, Secrétaire Générale de la Women’s League of Burma. En raison d’un changement de programme de dernière minute, je vais devoir quitter rapidement pour l’aéroport. Je vous souhaite à tous et toutes une riche discussion. Merci beaucoup.

Télécharger la déclaration

Document(s)
Taille / Type