Madame la Présidente,
Alors que nous célébrons aujourd’hui la Journée internationale de la Femme, je fais cette déclaration avec un profond chagrin au cœur, en pensant à toutes les femmes qui – aujourd’hui – sont à la fuite, menacées de froid, de faim, de guerre, de violence, en Afghanistan, en Ukraine, au Myanmar ou ailleurs.
Et pourtant, les femmes sont des actrices, forces motrices indispensables à la paix. Il ne faut pas les confiner au rôle de potentielles victimes de conflit. Par sa résolution 1889, ce Conseil a été visionnaire en 2009 en mettant pour la première fois un accent décisif sur le rôle des femmes dans la reconstruction. La participation pleine, égale et significative des femmes à l’aide d’urgence, à la reconstruction et à la consolidation de la paix reste fondamentale à ce jour.
Nous remercions les Émirats arabes unis pour l’organisation de ce débat et les intervenantes pour leurs contributions. A maintes reprises durant ma vie professionnelle, j’ai eu l’occasion de rencontrer des femmes entrepreneures, bâtisseuses de ponts impressionnantes – au Mozambique, en Egypte, au Népal ou dans mon propre pays. Quand je leur demandais quel était le principal obstacle à leur pleine participation aux processus de consolidation de la paix, leurs réponses étaient aussi diverses que mes interlocutrices. Cependant, à de multiples occasions, les réponses étaient étonnamment courte et clair: «La pauvreté».
Est-ce surprenant? Non. L'autonomisation économique est un moteur important pour augmenter la participation des femmes aux processus de paix et de reconstruction. Ce n’est que grâce à une certaine indépendance économique que nous pouvons réaliser pleinement notre potentiel de créativité, efficacité et réseautage pour la paix.
Permettez-moi de mettre en exergue trois points:
Premièrement, le Plan d'action national de la Suisse souligne l’autonomisation économique comme un facteur important à la participation effective des femmes aux processus politiques et de paix. Nous invitons tous les pays à développer leur Plan d’action national et à y mettre un accent sur l’autonomisation économique. Cette autonomisation doit se faire dans le respect des droits humains et fondamentaux, car ils sont universels, indivisibles et interdépendants.
Deuxièmement, renforcer la position socio-économique des femmes est un sujet clé de la coopération suisse. Nous soutenons par exemple des femmes gérant de petites et moyens entreprises transfrontalières dans la région des Grands Lacs. Améliorer la position socio-économique des femmes dans leur communauté élargit leur marge de manœuvre en faveur d’un engagement social et politique – y compris dans la promotion de la paix.
Troisièmement, nous saluons la priorité accordée par le Fonds pour la consolidation de la paix de l’ONU au financement d’initiatives favorisant la participation et l'autonomisation des femmes. La Suisse soutient ce Fonds depuis des années. Nous sommes également signataires du Compact Femmes, Paix et Sécurité et Action Humanitaire. Ce Compact auquel peuvent se joindre les institutions académiques et le secteur privé est un bon exemple d’un multilatéralisme moderne et efficace.
Madame la Présidente,
En parallèle des Plans d’action nationaux, du rôle de la coopération internationale et de l’action de l’ONU – quel est le rôle du Conseil et que peut-il concrètement faire ? Beaucoup ! Pour améliorer les partenariats, sujet de ce débat, il doit promouvoir les réseaux. Il peut le faire lors de visites sur le terrain en rencontrant des actrices de la paix. Il peut également les inviter à informer le Conseil. Et il peut davantage coopérer avec des organisations régionales, les institutions financières internationales et avec la société civile.
Notre engagement pour l’agenda « Femmes, paix et sécurité » doit en même temps être un engagement pour l’agenda 2030. Les synergies entre le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social tant qu’avec la Commission de consolidation de la paix doivent être intensifiés.
La Suisse va poursuivre et renforcer son engagement en faveur de la pleine mise en œuvre de cet agenda. Candidate au Conseil de sécurité, mon pays s’efforce à continuer à être un plus pour la paix et un plus pour le développement durable.
Je vous remercie.