Merci, Monsieur le Président,

Et je tiens à remercier chaleureusement le Royaume-Uni pour l’organisation de la réunion, Madame Elmi de UNICEF pour son propos important et les enfants de leurs mots courageux. Le thème de cette séance nous parait particulièrement à propos. 

La jeunesse du Myanmar est depuis longtemps à l'avant-garde du mouvement démocratique, s’engageant pour la liberté et le changement. Depuis le coup d'État militaire, les jeunes et les jeunes femmes en particulier ont émergé en tant que leaders, trouvant des moyens innovants pour exiger la fin de la dictature militaire et établir une véritable démocratie.   

Cependant, nous ne pouvons pas compter uniquement sur la résilience de cette jeunesse courageuse. Ce coup d'État a profondément perturbé leur vie et leurs espoirs d’avenir, les privant d'accès à l'éducation et à l'emploi et les exposant aux pires formes de violence et de sacrifice.   

Je voudrais attirer l’attention sur trois aspects :

Nous sommes d’abord profondément alarmés par l'augmentation des violations graves commises à l'encontre des enfants, notamment le recrutement forcé, et l'utilisation d'enfants par des forces et des groupes armés. La loi sur la conscription militaire et les campagnes de recrutement menées par l’armée birmane ainsi que d’autres groupes ethniques armés n'ont fait qu'exacerber cette crise. Le recrutement d’enfants à Cox’s Bazar et leur envoi au Myanmar, nous accable et doit cesser immédiatement. Nous appelons d'urgence toutes les parties à protéger et libérer tous les enfants de leurs rangs, à cesser de recruter des mineurs et à respecter les obligations qui leur incombent en vertu du droit international humanitaire et des droits humains. Nous appelons les forces armées du Myanmar à se réengager auprès des Nations unies pour la mise en œuvre complète du plan d'action conjoint de 2012 sur le recrutement et l'utilisation d'enfants.

Ensuite, la détérioration rapide de la situation humanitaire au Myanmar expose les enfants et les jeunes à de graves risques de violences sexuelles et basées sur le genre et de malnutrition, ce qui peut avoir des effets graves sur leur développement. La situation dans l’État de Rakhine est particulièrement préoccupante, touchant une fois de plus la communauté Rohingya, tandis que l'ensemble de la population civile de cet État souffre depuis de nombreux mois du conflit. Des rapports récents et crédibles font état de meurtres, de disparitions forcées et d'incendies criminels généralisés, y compris l'incendie d'une grande partie de la ville de Buthidaung. Nous demandons à l'armée et à tous les groupes armés de coopérer avec les Nations unies et tous les acteurs humanitaires pour renforcer la protection des enfants. Pour mettre fin à l'impunité, nous soulignons que les auteurs de toutes ces violations du droit international humanitaire et des droits humains doivent être tenus pour responsables. À cet égard, nous réitérons notre plein soutien au Mécanisme d'enquête indépendant pour le Myanmar (IIMM).

Finalement, le Myanmar est l'un des conflits les plus violents au monde, avec des implications significatives pour la paix et la sécurité tant régionales qu’internationales. 

Monsieur le Président,

Il est impératif que ce Conseil de sécurité prenne des mesures urgentes. Comme l'a déclaré la semaine dernière Tom Andrews, rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits humains au Myanmar : 

“Once again, the world seems to be failing a desperate people in their hour of peril while a hate-driven unnatural disaster unfolds in real time in Myanmar’s Rakhine State.”

Il est essentiel que le Conseil continue de surveiller de près la situation au Myanmar et s’exprime clairement et d'une seule voix en faveur du droit international et de la protection des civils, y compris des enfants. Nous appelons toutes les parties à mettre pleinement en œuvre la résolution 2669 du Conseil et nous restons prêts à ce que ce Conseil prenne de nouvelles mesures urgentes pour mettre fin au conflit, protéger les enfants et les jeunes et stopper les discours attisant les tensions intercommunautaires.   

Je vous remercie.