Monsieur le Président,

La Suisse remercie les Émirats arabes unis, la France, Chypre et l’Italie pour l’organisation de cette réunion. 

Tous les peuples sont unis par des liens étroits et leurs cultures forment un patrimoine commun, mais cette mosaïque délicate peut être brisée à tout moment. Le préambule du Statut de Rome nous le rappelle. Le patrimoine culturel est l’expression de notre humanité et du savoir vivre ensemble. Il doit être protégé, sous toutes ses formes, aussi par ceux qui s’opposent dans la guerre.

La résolution 2347 (2017) du Conseil de sécurité condamne la destruction illégale du patrimoine culturel et établit ainsi le lien entre celui-ci, la paix et la sécurité. Les attaques menées contre le patrimoine culturel peuvent constituer une violation du droit international humanitaire qui accorde une protection spécifique aux biens culturels, mais également des droits de l’homme. La Suisse souligne l’importance du respect du droit international. Nous tenons à mentionner le rôle important joué par la Cour pénale internationale qui, en vertu du Statut de Rome, est compétente à l’égard des crimes commis à l’encontre ou au détriment du patrimoine culturel.

L'UNESCO et le Centre international d’études pour la conservation et la restauration des biens culturels (ICCROM) effectuent un travail essentiel en faveur du patrimoine et de sa protection. Nous soutenons leurs efforts. L’initiative de l’UNESCO « Faire revivre l’esprit de Mossoul », son engagement à Beyrouth et en Ukraine ne sont que les derniers exemples. La Suisse est convaincue que l’UNESCO a un rôle important à jouer, en tant que coordinatrice et garante des principes fondamentaux qui guident les conventions culturelles. La Suisse appelle les Etats à ratifier toutes les conventions culturelles de l’UNESCO, y compris la Convention de la Haye de 1954 ainsi que ses protocoles. La Suisse soutient également l’Alliance Internationale pour la protection du patrimoine dans les conflits armés (ALIPH) basée à Genève, qui fait preuve d’agilité et de réactivité.

La Suisse s’engage depuis de nombreuses années: Elle s’est dotée d’une Stratégie en matière de protection du patrimoine culturel en danger. Elle apporte son soutien à la sauvegarde et à la reconstruction du patrimoine, comme c’est le cas au Yémen, en Afghanistan, au Mali et en Ukraine. La Suisse était d’ailleurs le premier pays à s’être doté d’une législation permettant d’accueillir des biens culturels étrangers en danger en leur offrant un refuge.

Les ressources culturelles peuvent renforcer la résilience des populations dans des situations de conflit. La réhabilitation des sites culturels, le rapatriement des biens et la revitalisation des pratiques culturelles contribuent à la conservation de la mémoire collective et la réconciliation sociale.

Monsieur le Président

Dans les conflits armés, les priorités sont mises sur la sécurité et la stabilité. Mais il est essentiel d’intégrer le patrimoine dans la consolidation de la paix, les programmes d'aide humanitaire, ainsi que de réduction des risques de catastrophes et d'action climatique. La culture ne peut pas attendre. Car le patrimoine, point d’ancrage pour nos identités, nos valeurs et nos espoirs, se rebâtit avec encore plus de peine que des ponts, routes et conduites.

Je vous remercie.

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