Madame la Présidente,

Nous exprimons notre reconnaissance au Secrétaire général pour son fort engagement et au Représentant spécial pour son intervention. Nous le remercions lui et son équipe pour le travail accompli dans les circonstances actuelles, extrêmement difficiles. Nous remercions également la Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et l’Observatrice permanente de l’UA pour leurs interventions. Nous espérons entendre également celle de l’Envoyé Spécial de l’IGAD.

La population civile au Soudan paie un prix très lourd à cette spirale de violence, alors qu'elle espérait une transition démocratique pacifique. Les événements des derniers jours constituent clairement le pire des scénarios.

Dans ce contexte, je mettrai l’accent sur trois points :

Premièrement, des centaines de civils ont été tués, des milliers d'autres blessés, et ce bilan ne cesse d'augmenter. Nous exprimons nos condoléances aux victimes et à leurs familles. Nos pensées vont également à tous les civils qui sont actuellement enfermés dans des abris, dans l’attente que les combats cessent. Nous notons le fait qu’hier, les Forces armées soudanaises et les Forces de soutien rapide ont déclaré un cessez-le-feu à l'échelle nationale pour trois jours. Dans le contexte de plusieurs tentatives infructueuses pour faire taire les armes au cours des derniers jours, voire même des dernières heures, nous demandons aux deux parties de respecter ce cessez-le-feu immédiatement et intégralement.

Deuxièmement, nous sommes gravement préoccupés par la situation humanitaire qui se détériore de jour en jour. Les affrontements, se déroulant surtout dans les zones urbaines, rendent l'acheminement de l'aide humanitaire quasiment impossible. Les seuls hôpitaux encore opérationnels sont de moins au moins capables de porter secours aux nombreux blessés. C’est intenable, et inacceptable. La Suisse exhorte les deux parties à assumer leur responsabilité en autorisant et en facilitant un accès humanitaire rapide, durable et sans entrave aux civils dans le besoin, et en permettant l’évacuation des blessés. Par ailleurs, nous appelons avec insistance les parties à respecter pleinement leurs obligations en matière de droit international humanitaire et de droits humains. Il s'agit notamment de prendre des précautions particulières pour protéger les plus vulnérables, tels que les enfants, et de ne pas cibler les zones où ils pourraient se réfugier, y compris les écoles.

Troisièmement, les deux parties doivent assurer la sécurité et la protection de la population civile, des missions et du personnel diplomatiques, de l’ONU et des agences humanitaires et médicales, ainsi que des biens et services humanitaires. A ce jour, au moins cinq employés humanitaires et un employé d’une Ambassade ont été tués, des biens humanitaires ont été pillés et des attaques ont été perpétrées contre le personnel et les biens de l’ONU, des ONGs et des missions diplomatiques. Ceci doit cesser. Le fait de diriger intentionnellement des attaques contre le personnel, les installations ou le matériel employés dans le cadre d’une mission d’aide humanitaire peut constituer un crime de guerre. Nous regrettons qu'une partie de ce personnel ait dû être évacuée en raison de l’insécurité, y compris le personnel de notre Ambassade. Cela limite considérablement la capacité de nombreuses organisations, tant bilatérales que multilatérales, à soutenir la population soudanaise en ces temps difficiles.

Pour conclure, nous saluons les efforts diplomatiques en cours déployés par les organisations régionales, notamment l’UA, l’IGAD et la Ligue des Etats arabes, et par les partenaires bilatéraux. Une coordination étroite est cependant indispensable, comme le souligne le Communiqué de la réunion ministérielle organisée par l’UA le 20 avril. Ceci dit, nous devons également souligner les efforts inlassables des acteurs civils soudanais qui restent au cœur d'une solution durable et d’un futur pacifique.

Le Conseil de sécurité a un rôle essentiel à jouer pour rétablir la paix et la sécurité au Soudan. La Suisse se tient prête à soutenir les efforts pour instaurer un cessez-le-feu durable. Elle appelle tous les membres de ce Conseil à parler d’une seule voix, comme ils l’ont fait le 15 avril, pour promouvoir la fin complète des hostilités et un retour au dialogue entre les parties.

Je vous remercie.

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