Monsieur le Président,
Je remercie la Représentante spéciale du Secrétaire général pour son exposé. Je salue la participation de la Ministre des Affaires étrangères de la République centrafricaine.
Alors que les efforts de la République centrafricaine, soutenus par la MINUSCA, ont mené à une stabilisation graduelle du pays et à une sécurité accrue pour la population civile, il est impératif que ce Conseil maintienne son attention sur ce dossier. Nous souhaitons ainsi aborder les aspects suivants :
Premièrement, les progrès politiques et l'accord de paix. La Suisse se félicite des mesures prises par le Gouvernement centrafricain pour renforcer la mise en œuvre de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation (APPR). Les efforts de décentralisation du processus de paix, notamment l’engagement avec les mécanismes préfectoraux de mise en œuvre, sont essentiels pour intégrer les populations hors de Bangui dans les efforts de paix. A cet égard, l’organisation des élections locales en octobre – qui constituent une partie intégrante de l’APPR – sera cruciale pour faire progresser la réconciliation nationale. Nous encourageons les autorités à garantir un processus inclusif, transparent et apaisé, et à soutenir la pleine participation des femmes, en tant que candidates et électrices.
Deuxièmement, le respect des droits humains et de l’Etat de droit. Ceux-ci constituent les piliers d’une société pacifique. Nous saluons la collaboration entre la RCA et la MINUSCA pour la préparation du rapport sur la situation des droits humains dans le pays. Le dialogue constructif tenu entre la Mission et le pays est louable et nous encourageons désormais la RCA à mettre en œuvre ses engagements pris dans le cadre de la Politique nationale des droits de l’homme. Nous appelons en particulier les autorités centrafricaines à maintenir un espace civique ouvert et respectueux, et à respecter l’indépendance des institutions judiciaires. A cet égard, nous nous félicitons des progrès réalisés en matière de lutte contre l’impunité, notamment par l’opérationnalisation de la majorité des juridictions nationales en dehors de Bangui. Les efforts de la Cour pénale spéciale concernant les crimes de guerre et crime contre l’humanité, et en particulier la réouverture des audiences sur les violences intercommunautaires de Ndélé, sont à saluer.
Troisièmement, si la situation sécuritaire et humanitaire s’améliore globalement, des poches d’instabilité persistent dans certaines régions du pays. Les violences perpétrées par les groupes armés autour des sites miniers, des corridors de transhumance et des zones frontalières avec le Soudan et le Soudan du Sud aggravent à la souffrance des civils. Il est crucial de poursuive les efforts pour combattre ces violations. Nous sommes particulièrement préoccupés par l’intensification des activités du groupe Azandé dans le sud-est du pays ainsi que par l’intégration de certains de ses membres au sein des Forces nationales de sécurité, parfois sans un vetting approprié. A cet égard, la professionnalisation des forces de sécurité et une réforme effective du secteur de la sécurité sont nécessaires et urgentes.
Enfin, la Suisse se félicite de la stabilisation de la situation humanitaire, qui a permis le retour de plusieurs milliers de déplacés dans leur région d’origine. Alors que les besoins humanitaires d’urgence diminuent, il est désormais crucial que tous les partenaires de la RCA restent engagés et orientent leur appui vers un développement durable. Nous saluons à cet égard la tenue de la conférence nationale pour une transhumance apaisée et prospère, qui démontre un réel engagement pour apaiser les violences intercommunautaires et générer une source de prospérité pour toute la région.
Monsieur le Président,
La Suisse réitère son engagement à soutenir la RCA dans ses efforts pour parvenir à une paix durable et à un développement inclusif. Nous appelons tous les acteurs à renforcer leur collaboration pour mettre en œuvre l’APPR et accompagner la République centrafricaine sur la voie de la paix et de la prospérité.
Je vous remercie.