L’exposition « Principes humanitaires, ici et maintenant » a été inaugurée, lundi 24 mai au quartier général de l’ONU à New York, par Pascale Baeriswyl, Représentante permanente de la Suisse auprès de l’ONU et Laetitia Courtois, Observatrice permanente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Une installation d’art contemporain, dans le hall d’entrée des délégués, qui marque le retour progressif à la vie à l’ONU puisque c’est la première manifestation de ce type autorisée par les services sanitaires de l’organisation depuis le déclenchement de la pandémie il y a une année.
Sous la houlette artistique du Musée de l’Elysée à Lausanne et en collaboration avec le Département fédéral des affaires étrangères et le CICR, dix artistes suisses ont reçu une carte blanche pour créer un film partageant leur vision des notions d’humanité, d’impartialité, de neutralité et d’indépendance (tour virtuel de l’installation).
En marge de cet événement, Laetitia Courtois, la représentante du CICR évoque le sort des personnes bénéficiant d’aide humanitaire et comment la pandémie a encore rendu leur vie plus difficile :
- En une phrase, dites-nous pourquoi chacun de ces principes est essentiel à l'action humanitaire.
L'humanité, parce qu’... en tant qu'êtres humains, nous devons œuvrer pour protéger la vie et assurer le respect de tous, afin que personne ne souffre.
L'impartialité, parce que... nous sommes guidés par les besoins de ceux que nous devons aider, quelle que soit leur nationalité, leur race, leurs croyances religieuses ou leurs opinions politiques.
Neutralité, parce qu’... en ne prenant pas parti dans les hostilités ou en ne nous engageant pas dans des controverses de nature politique, religieuse ou idéologique, nous nous donnons les moyens de mener à bien notre travail.
L'indépendance, parce que... cela nous permet de rester autonomes et que cela nous permet d’agir en accord avec nos principes fondamentaux.
- Le CICR fournit une aide humanitaire depuis plus de 160 ans. Où en sommes-nous aujourd'hui ? Y a-t-il un avant et un après COVID-19 ? Ou s'agit-il d'une crise comme tant d'autres ?
Il ne fait aucun doute que la pandémie de la COVID-19 a créé une situation que nous n’avions encore jamais vécue. Elle a eu un fort impact sur des situations déjà fragiles en raison des conflits et de leurs conséquences, des urgences climatiques ou des instabilités économiques. Cette pandémie a rendu la vie quotidienne des populations en situation précaire encore plus difficile. La pandémie a par ailleurs en quelque sorte « paralysé » la société, mais elle n’a pas eu le même effet sur les conflits. Ils ont perduré et certaines crises, qui s’étaient apaisées, ont même repris. La situation s'est également détériorée en raison de l'intensité de certains conflits récents.
- Quelles sont les conséquences concrètes de la pandémie de COVID-19 pour les personnes en situation de crise humanitaire ?
La pandémie de la COVID-19 a mis en évidence l'importance de la protection de la santé, des soins et du personnel soignant : ce dernier est crucial pour nos sociétés de manière générale, et particulièrement à l’heure actuelle, où nous faisons face à une crise sans précédent. En 2016, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté sa première résolution sur la protection des soins de santé dans les conflits, et pourtant, entre 2016 et 2020, le CICR a recensé 3780 attaques contre des travailleurs de la santé, dont un pic pendant la pandémie. Ainsi, la protection des femmes et des hommes actifs dans la santé ainsi que des infrastructures dont ils ont besoin est une préoccupation essentielle pour le CICR.
- Quelles leçons pouvons-nous tirer de cette crise à moyen et long terme ?
La pandémie du virus COVID-19 nous a tous touchés de plein fouet, mais certainement pas de manière égale. Elle a frappé plus fortement celles et ceux qui vivent dans des zones de conflit. Et je ne peux pas imaginer comment cela se passe dans des pays comme le Nigeria, la Colombie ou le Yémen, où les gens sont déjà aux prises avec de nombreuses autres crises. Nous avons vu que les pandémies mondiales nécessitent une réponse à plusieurs niveaux, au niveau national et mondial de la communauté.
Dans un récent rapport du CICR intitulé "Comme si la guerre ne suffisait pas", nous examinons l'impact de la pandémie à l'aune d'expériences réelles documentées par notre équipe et réfléchissons aux enseignements tirés. Il en ressort des bonnes pratiques, des idées et des stratégies qui ont permis de limiter la propagation de la maladie, de soigner les malades et d'atténuer l'impact sur les communautés vulnérables.
Revivez ici en image la cérémonie d'ouverture de l'exposition.
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Une installation d'art contemporain produite par le Musée de l'Elysée, Lausanne, et le ministère suisse des Affaires étrangères, en conversation avec le Comité international de la Croix-Rouge.