La promotion de la paix et des droits de l'homme est inscrite dans la Constitution suisse en tant qu'objectif de la politique extérieure et bénéficie donc d'une priorité élevée. C’est la raison pour laquelle, depuis deux décennies, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) suisse mène des programmes spécifiques pour promouvoir la paix et les droits de l'homme dans une vingtaine de pays en Europe de l'Est, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, en Afrique subsaharienne, en Asie et en Amérique latine. Dans le cadre d'une approche intégrée humanitaire, de développement et politique, le Pool d’experts pour la promotion civile de la Paix de la division Paix et Droits de l'Homme envoie auprès des représentations suisses des conseillers en sécurité humaine. Ils sont chargés de construire et d'entretenir un réseau de contacts avec les institutions et organisations gouvernementales, non gouvernementales et multilatérales afin de mettre en œuvre au mieux les mesures en faveur de la paix et des droits de l'homme, du dialogue, de la résolution des conflits et de la bonne gouvernance.

M. Jonas Geith, qui s’est exprimé en mars 2021 lors d’un briefing technique pour les membres du Conseil de sécurité, occupe depuis 2018 le poste de Conseiller suisse en sécurité humaine pour la Libye. Il répond à trois questions.

 

Pourriez-vous décrire votre rôle en tant que Conseiller en sécurité humaine pour la Libye (HSA) ?
Je suis responsable du programme Paix et droits de l'homme pour la Libye auprès du DFAE. Comme c'est le cas pour la plupart des autres pays, l'ambassade de Suisse à Tripoli est fermée depuis juillet 2014 et l'engagement international sur la Libye est principalement coordonné depuis Tunis. Avec une équipe de collègues libyens, je supervise les projets des organisations partenaires actives en Libye et leur apporte un soutien dans la mise en œuvre leurs activités de paix et de droits de l'homme. Je représente également la Suisse dans le processus politique, notamment à travers notre coprésidence du Groupe de travail sur le droit international humanitaire (DIH) et les droits de l'homme (DH) dans le cadre du processus de Berlin. Mes responsabilités incluent l’évaluation de la situation sur le terrain, l’identification des sujets de préoccupation qui méritent d’être thématisés au niveau politique et les recommandations de mesures que la Suisse peut prendre soit bilatéralement, soit dans les différentes arènes multilatérales. Je trouve particulièrement important de permettre aux voix libyennes de se faire entendre par la communauté internationale. Par exemple, nous avons souvent des organisations partenaires qui interpellent et suivent activement le Conseil des droits de l'homme à Genève ou le Conseil de sécurité à New York.

Quelles sont les priorités de la Suisse en Libye et comment votre travail y contribue-t-il ?
La Suisse s’engage pour que les différentes régions et tous les acteurs concernés participent au processus de transition politique en Libye. Depuis la révolution de 2011, la Suisse se concentre sur la transformation des conflits et les droits de l'homme. Nous soutenons les processus de médiation au niveau national, ainsi qu'au sein et entre les communautés à travers la Libye. La Suisse soutient également les défenseurs des droits de l’homme. Dans le domaine humanitaire, nous apportons un soutien aux personnes affectées par le conflit et essayons d’améliorer l'accès humanitaire au pays. Enfin, la Suisse soutient les agences spécialisées des Nations Unies dans la protection des migrants et des réfugiés.

Quel est le rôle de la Suisse dans le processus de Berlin et comment cela affecte-t-il vos activités ?
Depuis juin 2020, la Suisse copréside le Groupe de travail sur le droit international humanitaire et les droits de l'homme (WG DIH / HR) du processus de Berlin avec les Pays-Bas et la Mission d'appui des Nations Unies en Libye (MANUL). Il s'agit de l'un des quatre groupes de travail créés à la suite de la conférence de Berlin en janvier 2020 pour soutenir le processus de paix dirigé par l'ONU. Conformément aux conclusions de la conférence de Berlin, le groupe de travail DIH / HR vise à accroître le respect du DIH / HR par toutes les parties libyennes. En tant que coprésidents, nous essayons de faire en sorte que le DIH et les droits de l'homme soient pris en compte dans les différents volets du processus de paix. En outre, nous considérons notre groupe de travail comme un point d’entrée permettant à la société civile libyenne d’influencer le processus politique.

Comme partout ailleurs, la situation sanitaire a eu un impact énorme sur les modalités du processus de paix libyen et nécessite une certaine créativité pour développer des actions tangibles pour améliorer la situation sur le terrain. Dans le même temps, les réunions virtuelles ont également fourni des opportunités d'engagement qui auraient été plus difficiles si toutes les réunions avaient eu lieu physiquement. Je voudrais citer ici deux exemples:

  • Avant la première réunion du Forum de dialogue politique libyen (LPDF) à Tunis en novembre 2020, les coprésidents du groupe de travail DIH / DH avaient facilité des consultations avec la société civile libyenne et des experts des droits de l'homme sur les normes et principes minimaux pour guider les Libyens. Ces consultations ont abouti à un document contenant les « Principes clés pour une feuille de route fondée sur les droits pour une paix durable » qui a été repris dans les documents finaux du LPDF en tant qu'annexe officielle.
     
  • La Libye est à l'ordre du jour du Conseil de sécurité de l'ONU et les parties prenantes libyennes suivent attentivement les débats à New York. Récemment, nous avons organisé un briefing au niveau des experts avec les membres du Conseil portant sur les efforts que nous déployons  dans les domaines de la détention arbitraire et de la justice transitionnelle. Au cours de la réunion, nous avons insisté pour que l’on n’oublie pas, lors des discussions sur les volets politique, économique et militaire, la question du respect du DIH et des droits de l'homme.

 

Lire plus sur l’engagement de Jonas Geith dans l’article : Sortir de l’impasse en Libye, ainsi que sur les déploiements d’expert.e.s Suisse dans le monde dans le journal Swiss Peace Supporter publié quatre fois par an.

 

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